Alfred de CURZON (1820-1895), peintre.6 lettres autographes signées à William Bouguereau. 17 pp. in-8. Passy, 1876-1885.Belle correspondance artistique, en particulier sur les récompenses du Salon, comme dans cette lettre du 25 mai 1886 : " Mon cher Bouguereau, ce n'est pas sans beaucoup d'hésitation que je t'envoie cette liste de noms : ce travail que tu m'as demandé dans ton désir si louable d'approcher le plus possible de la justice absolue, m'a paru extrêmement difficile, et je n'ai pu disposer, pour le faire, de tout le temps désirable. En étudiant les récompenses données les années précédentes, il m'a semblé que de nombreuses injustices avaient été commises ; et comme je ne peux pas mettre en doute les bonnes intentions des juges, j'en conclus que ces jugements sont tellement sujets à erreur, qu'il vaudrait peut-être mieux renoncer à en faire. On laisserait le beau public rendre ses arrêts à tout et à travers ; ils seraient plus mauvais sans doute ; mais les artistes n'y seraient pour rien et conserveraient la paix entre eux, ce qui est bien quelque chose. Je t'ai déjà dit que le règlement de cette année rendait, à mon avis, votre tâche encore plus difficile : il concerne les conditions établies pour le hors concours, et supprime les rappels de médailles en établissant qu'il ne pourra être donné qu'une médaille supérieure à celles déjà obtenues. Il en résulte que la 2e médaille devient une impasse pour presque tous les artistes qui n'ont pas obtenu précédemment une 3e méd. Il n'est pas facile d'obtenir une 1ère med. et pour certains genres c'est presque impossible : c'est ainsi que ton collègue Mr Cabat n'en a jamais eue, pas plus que Jules Dupré et bien d'autres. On ne sera donc conduit à ne donner qu'une 3e méd. à ceux qui en méritent une 2e, et cela dans leur intérêt, et à attribuer au contraire une 2e à l'artiste moins méritant qui aura obtenu déjà une 3e. Je te prie de me donner l'adresse de Fortunata d'Agostino ; je suis trop loin pour qu'elle vienne sans être appelée et d'ailleurs je l'ai vue chez toi et cela me suffit pour savoir qu'elle me sera utile []. Si tu connais quelque femme modèle ayant les cheveux très frisés, bruns ou noirs, presque crêpés, je te serai bien obligé de m'en donner l'adresse : jusqu'ici je cherche en vain ".