PUY-DE-DÔME. François de BONAL (1734-1800), évêque de Clermont (1776-1800).16 lettres autographes signées à Mgr Jérôme Champion de Cicé (1735-1810). 56 pp. in-4. Bruxelles, Maestricht, La Haye, Altona et Fribourg, octobre 1792-nov. 1795. Quelques adresses au dos et cachets de cire.Passionnante correspondance d'émigration, intime, d'une écriture fine, au contenu très dense, livrant de précieux détails sur l'organisation et la vie du clergé français en exil. [Proche de Louis XVI qui le consulte à plusieurs reprises en particulier sur la question des prêtres assermentés, sa correspondance est retrouvée aux Tuileries, dans l'armoire de fer et reproduite lors du procès du Roi. Il s'exile à Bruxelles, puis à La Haye ; arrêté, il sera condamné à la déportation].La première lettre est écrite à son arrivée à Bruxelles ; il évoque " l'horrible massacre qui a souillé la capitale " [massacres de Septembre]. De longues pages sont consacrées aux divergences de vues et de prise de position des membres du clergé en exil, en particulier lors des Assemblées de Bruxelles où il rend compte des positions de chacun, du déroulement des séances et de ses interventions, en particulier sur la question qui divise bon nombre d'entre eux : comment traiter ceux qui ont prêté serment à la Constitution civile, question pour laquelle il demande au pape de trancher.Cette question est le fil conducteur de cette longue correspondance, jusqu'au tout dernier chapitre de la dernière lettre écrite de Fribourg : " Je me borne à ces objets ; il faudrait un volume pour achever tout ce qu'il y a de révoltant dans l'objet de ce décret, qui est celui de la souscription exigée : tout y respire l'impiété et l'horreur de la religion catholique, et cependant une très grande quantité de prêtres, d'ailleurs très respectables, ont fléchi, et se sont laissés entrainer dans les filets qui leur ont été tendus : dans mon diocèse, entr'autres, la défection est effrayante par le nombre ; je répondrois de la droiture des intentions, des motifs et des vues de tous les délinquants, mais le scandale me paraît affreux : quel parti adopter, pour le repousser ? Je n'en vois pas, qui ne me présente de redoutables inconvénients ; permettez que j'interroge votre sagesse et vos lumières, et daignés me dire, ce que vous croyez praticable dans une conjoncture aussi délicate ; mon embarras est extrême, et ma douleur ne l'est pas moins ". Il commente également les événements du temps, comme l'exécution de Louis XVI dans une lettre du 29 janvier 1793.