LOT 0016 Paul Kodjo (né en 1939, Côte d'Ivoire/Ghana)
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Paul Kodjo (né en 1939, Côte d'Ivoire/Ghana) Roman photo, sans titre, vers 1970-75 Tirage argentique 40 × 50 cm Edition 1/8 + 3 EA -- Please scroll down for English -- Paul Kodjo: Films Noirs Paul Kodjo est né en 1939, d’un père ivoirien et d’une mère ghanéenne. Formé à Abidjan et à Paris, il devient correspondant en France du quotidien gouvernemental Fraternité Matin, puis fonde à son retour à Abidjan sa propre agence, en 1970. Titulaire d’une carte de presse, il suit le président Félix Houphouët-Boigny dans ses déplacements officiels dans un pays qui connaît des années fastes grâce au cacao, mais aussi à l’international. Il assiste aux dîners mondains, aux soirées dansantes qui rythment la nuit abidjanaise. A l’instar de Malick Sidibé, qui arpente les fêtes de Bamako, de Philippe Koudjina Ayi à Niamey ou de Jean Depara à Kinshasa, Paul Kodjo immortalise une jeunesse qui profite d’une indépendance conquise il y a peu. Mais la grande originalité de l’approche de Paul Kodjo vient de son regard cinématographique – il a suivi des études au Conservatoire indépendant du cinéma français –, qu’il exerce avec finesse dans une série de clichés qu’il réalise pour les romans-photos de l’hebdomadaire Ivoire Dimanche. Séverine Kodjo-Grandvaux Ce sont trois tirages de ce travail singulier sur les romans-photos, dont deux inédits, que nous présentons ici. La maîtrise de Paul Kodjo est celle d’un grand artiste de la lumière. Des cadrages dignes d’un Scorsese, une ambiance des films noirs d’Hitchcock démarquent celui qui continue en parallèle de son travail de photographe, à écrire des scénarios de films. Contrairement aux autres maîtres de la photographie du continent, Paul Kodjo est un créateur, plus qu’un rapporteur. Il met en scène, théâtralise aux fins de convaincre. Il cherche non la commande, mais l’immersion du regardeur dans une histoire à laquelle il aspire sans la connaître encore. La scène d’intérieur extraite du roman-photo Perdue et retrouvée (1973), montre chose rare, le lieu de vie d’un couple affluent à Abidjan dans les années 1970. On est invité à pénétrer dans l’intimité du couple, on imagine un Citizen Kane. L’homme et la femme se regardent dans un mouvement suspendu, évocateur avant l’heure de la Kitchen table series d’une Carrie Mae Weems. Car par la fiction, Paul Kodjo nous en dit peut-être plus sur la société africaine et le monde intérieur des hommes et des femmes africains après l’indépendance. Les personnages de Paul Kodjo parlent. Ils ont un nom, un parcours, font des choix, en tirent les conséquences. Et c’est peut-être là ce qu’il y a de révolutionnaire dans ce travail: la part d’auto-détermination dans la construction d’un narratif où le sujet africain est désormais conjugué à la première personne, et révélé dans ses infinies nuances. -- Paul Kodjo: Film Noir Paul Kodjo was born in 1939 to an Ivorian father and a Ghanaian mother. Educated in Abidjan and Paris, he becomes a correspondent in France for the daily newspaper Fraternité Matin, then founds his own agency upon his return to Abidjan in 1970. As a holder of a press card, he follows President Félix Houphouët-Boigny on his official trips in a country riding prosperous years thanks to the cocoa boom, but also internationally. He attends social dinners and dance parties. Like Malick Sidibé, who documents life in Bamako, Philippe Koudjina Ayi in Niamey or Jean Depara in Kinshasa, Paul Kodjo immortalizes a youth that seizes all the advantages of an independence conquered only recently. But the great originality of Paul Kodjo’s approach comes from his cinematographic eye - he studied at the Independent Conservatory of French Cinema - which he expresses with refinement in a series of photographs that he takes for photo novels published in the weekly Ivoire Dimanche. Séverine Kodjo-Grandvaux We present here three photographs from Paul Kodjo’s singular work on photo novels, including two never-seen-before prints. Paul Kodjo’s mastery of light is that of a great artist. A composition worthy of a Scorsese, an atmosphere reminiscent of Hitchcock’s film noir set him apart, he who in parallel to his work as a photographer, pursued the writing of various film scripts, hoping to one day bring them to the screen. Unlike other masters of photography on the continent, Paul Kodjo is a creator, more than a reporter. He stages and dramatizes in order to convince. He does not seek commissions, but longs to immerse the viewer in a story to which he/she aspires, without knowing it yet. The scene of interior we see from the photo novel Perdue et retrouvée (1973), shows something rare in photography from this period: the domestic setting of a wealthy couple in Abidjan in the 1970s. We are invited to enter the intimacy of the two protagonists, we imagine a Citizen Kane. The man and woman look at each other in a suspended moment, evocative before the time, of the Kitchen table series of a Carrie Mae Weems. For through fiction, Paul Kodjo tells us perhaps more than his peers, about African society and the inner world of African men and women after independence. Paul Kodjo’s characters speak. They have a name, a path, make choices, and draw the consequences. And this perhaps, is where lies the revolutionary nature of this work: the self-determination in the construction of a narrative where the African subject is now raised in the first person, and revealed in his/her infinite nuances.
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